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Nous et l’étranger…

Editorial La Presse

 

Quel meilleur moyen de nuancer la relation avec l’étranger en distinguant la dépendance et la soumission de l’indépendance et la dignité ? La question est aussi problématique que la complexité des relations internationales actuelles. On voit de tout dans ce monde de plus en plus déséquilibré entre les plus riches et les plus pauvres, et de plus en plus relié par des réseaux complexes d’intérêts et d’allégeances qui changent au gré des événements incontrôlables.      

Y a-t-il un pays complètement indépendant de l’étranger et maître de ses relations multilatérales ? C’est presque impossible même pour les grandes puissances avec ce monde qui rejette l’unique pôle pour la « multipolarité ». Nous importons des biens, des services et des capitaux de l’étranger (pays et institutions internationales), nous exportons aussi vers des marchés et des pays, nous échangeons des millions d’informations chaque jour sur Internet, nous influençons d’autres peuples et nous en sommes influencés nous-mêmes. Après, c’est la solidité d’une nation et de ses structures et institutions qui vont décider si ce pays est dépendant ou non de l’étranger. Aujourd’hui, des voix  profanes et des esprits incultes veulent restaurer le modèle de protection totale d’une économie fermée, une autarcie où l’on ne traite plus avec l’international et où l’on n’achète et ne consomme plus rien de l’étranger. C’est si  absurde et nul comme thèse.

Il s’agit, par contre, de trouver les meilleurs alliés politiques et bien sûr économiques pour bien se positionner et gagner l’âpre course pour la compétitivité sur les marchés internationaux. En tant que petit pays à la population moyenne et à l’économie en rodage, la Tunisie n’a de choix que de développer des créneaux porteurs où elle saura écouler ses biens et services en se basant sur l’inusable règle d’avantages comparatifs qui lui permet de vendre moins cher et avec une meilleure qualité, tout en veillant à stabiliser le dinar et à éviter les glissements du taux de change. L’étranger est dès lors un choix imposé de fait à tout le monde. L’ouverture sur l’international est le seul moyen de s’enrichir et d’échanger l’expertise et les richesses selon la base de l’intérêt mutuel. Haro sur les idées obsolètes de renfermement sur soi et halte au déni de l’étranger. Si l’on décide de ne plus acheter de l’étranger et de ne plus recevoir personne, il faudra donc accepter que personne n’achète plus rien de chez nous et qu’aucun pays n’accueille et n’intègre les Tunisiens. La subtilité est de trouver les bonnes opportunités et de relever le défi de la concurrence face à d’autres pays émergents qui nous ont dépassés. C’est l’ère des blocs et des groupements économiques, d’abord au détriment du politique, et c’est l’ère des grandes puissances qui font régner un nouvel ordre multipolaire.

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